Nous l’écrivions voici quelques semaines tout juste : Sasha Trusova, la patineuse par qui la révolution des quads féminins a bousculé le patinage mondial, se pose des questions.
Elle vient de fournir une première réponse, en annonçant son départ de l’école d’Eteri Tutberidze, et son entrée dans celle d’Evgeny Plushenko. Ce dernier l’a confirmé à la presse russe. « Il arrive un temps où un champion a besoin de changer d’entraîneur. Je pense que c’est normal. Nous avons des objectifs, et ils sont très sérieux », a déclaré le Champion Olympique de 2006.
L’Ecole d’Eteri Tutberidze a constitué un vivier fantastique de bébés championnes ces dernières années. Elles ont pris d’assaut l’ensemble des grands championnats internationaux, chez les juniors comme chez les seniors. Et on ne voit pas comment d'autres patineuses issues d’un autre creuset pourraient détrôner les « Tutberizettes ».
L’Ecole la plus célèbre du monde a pourtant deux points faibles : l’âge de ses patineuses, toutes en-deçà de la puberté. Cela leur laisse, comme nous le développions dans le dernier numéro de Patinage Magazine (N°161), une durée de carrière potentielle extrêmement limitée. Rien ne garantit qu’elles pourront poursuivre le cours de leur carrière au plus haut niveau. L’avenir le dira.
L’autre point faible réside dans le nombre incroyable de très grandes championnes, et la compétition fratricide qui peut en résulter. A Graz, la dernière fois où nous les avons vues, Alena Kostornaia, Anna Shcherbakova et Sasha Trusova s’entendaient comme trois soeurs. Mais chacune d'elle est « extrêmement compétitive », comme elles l’ont dit en choeur. A toute compétition il faut un premier : cette année l’avantage est allé à Alena, victorieuse à la Finale du Grand Prix et aux Championnats d’Europe. Anna n’est pas loin derrière, elle a même gagné, pour la deuxième fois, le titre national russe. Mais Sasha s’est trouvée distancée par ses deux complices d’entraînement.
« J’ai toujours voulu faire des choses que personne ne réalisait », nous expliquait Sasha, que l’on ne surnomme pas « la Mère des Dragons » pour rien. Elle est la plus technique des trois, la plus va-t-en guerre. Celle qui préfère patiner sans musique, parce qu’elle peut lâcher toute sa puissance rotative et les quatre quads qu’elle maîtrise.
La presse russe spécule sur le fait qu’Eteri Tutberidze aurait un peu délaissé sa championne ces derniers mois, et que cela l’aurait déçue, sinon vexée. Mais Eteri Tutberidze a bien vu les difficultés de sa championne. Elle a bien remarqué aussi son changement de physique et de caractère - c’est même l’un de ses co-entraîneurs qui nous les a fait remarquer.
C’est donc avec un immense champion que Sasha va jouer son va-tout, l’homme des quatre olympiades et aux quatre médailles : Champion Olympique 2006, vice-Champion Olympique 2002 et 2010, Champion Olympique par équipes en 2014 et lui aussi l’un des précurseurs des quads maîtrisés.
En route pour un nouveau futur !