Anna Cappellini and Luca Lanotte: champions pour la vie

05 May 2020
4 minutes, 20 secondes

Les vrais champions le restent toute leur vie, bien après la fin de leur carrière sportive.

Ainsi en va-t-il pour Anna CAppellini et Luca Lanotte, les Champions d’Europe et du Monde

  1. Ils ont officiellement mis fin à leur carrière officielle à la fin de la saison 2017-18, aux Championnats du Monde de Milan, mais ils n’ont jamais quitté le sport.

Luca officiait comme interviewer pendant la Finale du Grand-Prix à Turin, tandis qu’Anna co-dirigeait l’Equipe Italienne aux Championnats d’Europe, à Graz.

Dans les deux cas, un sérieux et une concentration extrêmes sur leurs missions. Mais aussi une capacité qui n’appartient qu’à eux de rayonner … ET de s’amuser en même temps !

Patinage Magazine : Comment vivez-vous cette mission de team leader ?

Anna Cappellini : C’est drôle : je n’avais jamais réalisé, avant d’avoir cette responsabilité, à quel point je ne connaissais personne pendant mes années de patineuse. J’ai connu bien des gens, leurs visages, mais je n’ai jamais pris le temps, ni mis l’énergie pour réellement les regarder.

Quand vous vous bagarrez pour une médaille, vous recevez des tas d’opinions, de soutien, d’appréciation et de reconnaissance ou de critiques. Sauf que vous n’auriez besoin que d’une chose : vous renfermer dans votre bulle. Vous aimeriez leur crier à tous : « Laissez-moi faire mes twizzles ! C’est tout ce qui compte ! ». A présent je peux vraiment rencontrer les gens.

P.M. : Comment voyez-vous la compétition elle-même ?

A.C. : J’apprends énormément sur l’organisation. J’aurais sans doute aimé de savoir avant combien d’effort et d’énergie se déploient dans un grand championnat. C’est incroyable !

A un moment, on va vous dire que Yuzuru Hanyu s’apprête à patiner mais qu’il a besoin de quelque chose ; à un autre, que Sasha Trusova a son chien avec elle – là, vous vous grattez la tête et vous vous demandez : « Quoi ? Elle amène son chien pour patiner avec, ou quoi ? » (Elle rit). « Ou que tel autre patineur doit commencer son programme mais qu’on ne le trouve nulle part – il n’est ni aux toilettes, ni aux vestiaires et vous devez le retrouver …

Oh, les gars ! Vous réalisez qu’il y a à peu près quatre personnes chargées de vous suivre pas à pas pendant la compétition, juste parce que c’est leur boulot, et qu’ils doivent s’assurer que vous serez là à l’heure ?

En fait, si j’avais su cela alors que je patinais, je crois que j’aurais eu du mal. J’aurais dit quelque chose du genre : « Je sais très bien où je vais, merci ! »

Une autre grande Dame de la danse italienne accompagnait Anna à la tête de l’équipe d’Italie : Federica Faiella, la médaillée de bronze mondiale 2010 et vice-Championne d’Europe en 2009 et 2010 avec Massimo Scali.
Après le programme libre fantastique de Daniel Grassl, les deux co-directrices sont venues lui tenir compagnie dans la Green-Room, et attendre avec lui les notes de ses concurrents. Elles ont dû y passer la moitié de la compétition : Grassl venait de patiner un programme superlatif, et il est resté longtemps en tête de la compétition.

Une image pleine de (bons) souvenirs : la Green Room n’existait pas au temps de Federica, mais Anna l’a occupée si souvent !

Luca, lui, s’est habillé beau : c’est qu’il découvre son métier d’interviewer.

Patinage Magazine : Comment vivez-vous une compétition où vous ne patinez pas ?

Luca Lanotte : La compétition me manque. Je ne regrette pas l’entraînement chaque matin, seulement la compétition. Particulièrement le dernier entraînement du matin : là, j’avais trente minutes pour le Luca Show !

P.M. : Que faites-vous à présent ?

L.L. : Je fais un peu de beaucoup de choses : des chorégraphies pour des programmes, des spectacles, de l’entraînement. Cet hiver nous avons patiné dans le show de Javier Fernandez. Un excellent spectacle !

Mais aussi je m’occupe de mon petit garçon. Il a trois ans, et il es fantastique !

P.M. : Et vous faites des interviews …

L.L. : La télévision italienne m’a demandé de l’aider. Je suis complètement stressé, j’ai le trac ! Je n’ose pas déranger les patineurs, j’ai l’impression d’être intrusif quand je m’approche d’eux. C’est délicat, d’interroger quelqu’un. Beaucoup sont nos amis, mais nous ne connaissons pas les plus jeunes. Ma première interview aura été pour Kevin Aymoz. Je me suis senti tellement raide (le comble, pour un danseur !).

Il est beaucoup plus dur de tendre son micro que de patiner !

A ce moment précis, Victoria Sinitsina et Nikita Katsalapov sont entrés dans la pièce, tout sourires, et se sont assis devant Luca. « Je ne suis venu ici qu’une seule fois, commence Nikita, tout sourire et visiblement très à l’aise. C’était il y a 10 ans, je patinais dans le spectacle d’Evgeni Plushenko … »

Vous tournez les pages de la vie, mais elle vous pousse sans cesse, et vous n’avez plus qu’à être à la hauteur, là où son vent vous mène. Même si de leurs médailles ne restera plus que le doux parfum d’un morceau d’histoire de la danse sur glace, Anna et Luca resteront des champions toute leur vie !